Témoignages de patients

Karie Schultz

L’appel qui a tout changé

Si on m’avait dit il y a quelques années que j’écrirais un jour sur mon expérience avec le cancer de la peau, j’aurais probablement éclaté de rire. Pas parce que c’était drôle, mais parce que je croyais sincèrement que cela ne m’arriverait jamais. 

Tout a commencé par un grain de beauté. Mon médecin de famille l’a remarqué lors d’un examen de routine et m’a dirigée vers un dermatologue. Honnêtement, je n’étais pas du tout inquiète. En fait, j’étais agacée. Entre une vie chargée et un travail prenant, je n’avais surtout pas envie qu’un autre rendez-vous vienne gruger mon temps. J’ai même reporté le premier rendez-vous, car je ne pensais vraiment pas que c’était urgent. 

Finalement, le jour du rendez-vous est arrivé. Je m’y suis rendue, convaincue que tout se passerait rapidement et sans difficulté. Le dermatologue a examiné le grain de beauté et a décidé de faire une biopsie. C’était un lundi. Je suis sortie et je n’y ai plus vraiment repensé. 

En un clin d’œil, c’était déjà vendredi matin. J’étais arrivée tôt au travail, car comme je l’ai dit, j’étais très occupée. Puis mon téléphone a sonné. C’était l’appel. « Vous avez un mélanome. » 

J’ai eu l’impression que mon cœur avait cessé de battre. Une boule s’est formée dans ma gorge. Je me suis figée. Ce genre de choses ne m’arrive jamais. Mais c’était en train d’arriver. On m’a dit que je devrais subir une intervention chirurgicale pour l’enlever et déterminer jusqu’où il s’était propagé. Le rendez-vous était fixé au 20 décembre, au beau milieu de mes projets de Noël. 

Le mélanome se trouvait au centre de mon mollet. Soudain, mon temps des fêtes n’était plus synonyme de célébration, mais plutôt de guérison. Après l’opération, j’avais 16 points de suture et je devais absolument me reposer. Pendant les 24 jours qui ont suivi, je suis restée allongée sur le sofa. Juste moi et mes pensées. Et croyez-moi, elles étaient nombreuses. 

Tristesse. Colère. Peur. Frustration. Regret. 

J’avais été une véritable amoureuse du soleil. J’aimais le bronzage, ce teint hâlé qui semblait si « sain ». Je n’avais presque jamais mis de crème solaire, peut-être cinq fois dans toute ma vie. J’avais travaillé comme sauveteuse dans une piscine extérieure pendant toute mon adolescence. Les lits de bronzage? Oh que oui, ils faisaient partie de ma routine. Je me croyais invincible. 

Mais ce diagnostic, cette cicatrice sur ma jambe, a été un véritable électrochoc. 

Dans les semaines qui ont suivi, je suis passée de l’idée : « Ça ne peut pas m’arriver » à la douloureuse prise de conscience : « Cela m’arrive parce que mes anciennes habitudes au soleil m’ont exposée à un risque plus élevé. » Et c’est une vérité difficile à accepter. 

Et voilà où j’en suis aujourd’hui, deux ans et demi plus tard. J’ai subi d’innombrables biopsies, et les montagnes russes émotionnelles n’ont pas cessé. Certains jours, j’ai encore peur du soleil. J’ai du mal à profiter du plein air comme avant. Parfois, je me surprends à penser : « Tant pis. Je veux juste retrouver mon bronzage. » 

Mais ensuite, je me souviens du coup de fil. La cicatrice. La peur. Et je refuse de céder à ces pensées. 

Aujourd’hui, je milite activement pour la sécurité au soleil et les examens réguliers de la peau. Je raconte souvent mon témoignage, non pas pour susciter la pitié, mais pour sensibiliser les gens. Si une seule personne entend mon témoignage et fait examiner un grain de beauté, cela en vaut la peine. Et rien ne me rend plus heureuse que lorsque quelqu’un me dit : « J’ai fait examiner un grain de beauté grâce à toi. » 

C’est pourquoi je continue à raconter cette histoire. Parce que ça peut vous arriver. Et vous avez le pouvoir de le détecter tôt, ou mieux encore, de le prévenir. 

Karie 

Strathmore, Alberta