On peut déjà dire à ce stade que l’année 2024 a été riche en avancées dans le domaine du traitement du mélanome. Ce n’est pas tant que notre arsenal se soit enrichi de nombreux nouveaux traitements, mais plutôt que l’usage des traitements existants et la mise en séquence de ces remèdes pharmacologiques ont évolué. Je manquerais à mes devoirs si je ne remerciais pas du fond du cœur les oncologues de tout le pays qui ont contribué à rendre possible l’utilisation de nos produits d’immunothérapie plus tôt dans la séquence des traitements. Pour nous faire une idée du changement qui s’est produit, regardons comment les trois immunothérapies les plus courantes sont utilisées, à savoir le nivolumab (Opdivo), l’ipilimumab (Yervoy) et le pembrolizumab (Keytruda).

Utilisation de pharmacothérapies comme traitements néoadjuvants : ces immunothérapies sont le plus souvent prescrites aux patients présentant une tumeur de stade avancé ou métastatique (stades III et IV), qui ont subi une intervention chirurgicale, lorsqu’une telle intervention était possible. Nous savons tous que les interventions chirurgicales sont ou ont été souvent retardées, tout particulièrement pendant la pandémie, et que les hôpitaux sont encore en train de rattraper les retards.

Les recherches menées ces dernières années ont montré que l’instauration d’un traitement néoadjuvant (c’est-à-dire quelques cycles d’un traitement médicamenteux avant l’intervention chirurgicale) par le nivolumab (Opdivo) ou le pembrolizumab (Keytruda) peut contribuer non seulement à rétrécir les tumeurs plus rapidement et, de ce fait, à réduire le nombre d’interventions chirurgicales, voire leur nécessité, mais aussi à prévenir la récurrence de la maladie ou une nouvelle propagation dans certains cas. Il s’agit d’une avancée modeste mais extrêmement significative dans le traitement des patients. Elle permet non seulement d’alléger le fardeau de la maladie et de prévenir ses récurrences ou sa propagation, mais aussi de soulager l’anxiété et le stress des patients qui doivent attendre si longtemps pour recevoir un traitement. Le pembrolizumab (Keytruda) est approuvé pour le traitement néoadjuvant des patients adultes présentant un mélanome de stade III ou IV. Par ailleurs, nous venons d’envoyer des documents à l’appui de l’utilisation du nivolumab (Opdivo) et de l’ipilimumab (Yervoy) pour la même indication, dans le traitement du mélanome de stade III. Nous espérons que ce nouveau traitement sera homologué dans les plus brefs délais. Cette importante avancée est le fruit d’une initiative de nos médecins, et d’une contribution de Mélanome Canada s’appuyant sur la perspective des patients et des aidants.

Association ipilimumab-nivolumab pour le traitement de 1re intention du mélanome métastatique qui a progressé dans les 6 mois suivant un traitement adjuvant : il s’agit d’une autre avancée à l’initiative des médecins, consistant à utiliser ce traitement d’association en cas de progression de la maladie dans les 6 mois suivant le traitement adjuvant. Auparavant, les patients auraient été à court d’options thérapeutiques à un moment où il était encore possible de vaincre cette maladie. Il s’agit d’une nouvelle option importante à un moment décisif du parcours de soins des patients.

Accès à un nouveau médicament :

Nivolumab en monothérapie aux stades IIB et IIC : il s’agit d’une avancée qui ouvre l’accès au nivolumab pour les patients atteints d’une maladie au stade IIB ou IIC, après une intervention chirurgicale. Ce changement est important car ce groupe de patients, exposés à un risque significatif de récidive de la maladie, dispose maintenant d’un accès au traitement et d’une option thérapeutique. Là encore, il s’agit d’une avancée importante et salutaire pour les patients.

Association nivolumab-relatlimab (Opdualag) : association utilisée pour le traitement des patients atteints d’un mélanome non résécable ou métastatique n’ayant pas reçu de traitement à action générale préalable, ou ceux ayant déjà reçu un traitement adjuvant ou néoadjuvant si le traitement a pris fin au moins 6 mois avant la date de la récidive. Le relatlimab est une nouvelle immunothérapie utilisée en association avec le nivolumab. Ce sera une option thérapeutique supplémentaire qui tend à avoir moins d’effets secondaires que l’association du nivolumab (Opdivo) et de l’ipilimumab (Yervoy). Nous nous réjouissons de cette avancée pour notre communauté de patients. Le prix de ce traitement fait l’objet de négociations à l’échelle provinciale, mais nous espérons qu’il sera bientôt mis sur le marché.

Nouveaux indicateurs de qualité en vigueur en Ontario : l’année dernière, j’ai eu le plaisir de participer au premier processus de définition et de sélection des indicateurs de qualité en matière de traitement du mélanome aux fins de l’établissement de rapports en Ontario. Au moyen d’un processus très rigoureux, des intervenants provinciaux et internationaux dotés d’une expertise clinique dans le domaine du mélanome ont collaboré au choix et à la hiérarchisation de 10 indicateurs de qualité et de résultats en vue de l’élaboration du rapport de l’Indice de qualité du réseau de cancérologie (IQRC). Les points de vue et les commentaires d’un large éventail d’intervenants, notamment ceux des patients, ont été pris en compte tout au long du processus.

Au final, ce processus a abouti à la définition de dix indicateurs de qualité et de résultats en matière de traitement du mélanome qui serviront à l’élaboration des rapports du réseau provincial de cancérologie. Cela nous facilitera la tâche à tous puisque nous nous efforcerons de favoriser l’accès rapide au traitement et d’améliorer les résultats pour tous les patients à l’aide de critères de mesure normalisés. Il me tarde de découvrir la portée de cette initiative dans un avenir très proche.

Comme toujours, veuillez consulter votre médecin pour connaître les options thérapeutiques dont vous disposez. Ces options peuvent varier selon la province et leur couverture par le régime provincial. Si vous avez des questions, n’hésitez pas à communiquer avec Mélanome Canada en envoyant un courriel à l’adresse support@melanomecanada.ca. Je tiens à remercier chaleureusement tous ceux qui ont participé à nos nombreux sondages. Je sais que vous devez parfois avoir l’impression qu’on vous demande sans cesse votre avis et vos commentaires, mais je vous assure que cela a eu un effet indéniable sur l’accessibilité de traitements perfectionnés du mélanome à notre communauté de patients au Canada.

Restez vigilants! Examinez votre peau. Partagez vos connaissances avec d’autres et soutenez Mélanome Canada – ensemble, nous faisons avancer les choses.

Annette Cyr, fondatrice et présidente honoraire